le tour de la colline de sion

Une randonnée « inspirée » dans un haut lieu, à tous les sens du terme, de la Lorraine.

Point de départ : La gare de Praye (54)

Difficulté : L’itinéraire est assez valloné tout le long du parcours mais peut très bien se faire en famille sur une petite journée. A part le premier et le dernier kilomètre, le sentier est très bien tracé et très bien entretenu (anneau vert) par les randonneurs du Saintois. Attention cependant, la section située entre Saxon et Vaudémont peut devenir assez glissante par temps humide.

Distance : 14 kms
Dénivelé : 300 m.
Cartes : IGN 3316 est et 3317 est. Carte A ( 1/10 000 ème) éditée par les Randonneurs du Saintois, en vente à l’Office du Tourisme de Sion-Saxon à côté de la basilique.

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Période conseillée : Comme cette randonnée offre de beaux coups d'oeil sur la plaine lorraine, on essaiera d'effectuer cette randonnée un jour où la vue porte loin. Au début de l'été, les cultures de céréales donnent depuis ces hauteurs un patchwork très esthétique, le milieu du mois d'août permettra de goûter aux mirabelles, en passant... En Automne ou au début de l'hiver, cette randonnée prendra une dimension plus austère mais la vue sur les Vosges et les sommets enneigés sont uniques.

De la gare de Praye emprunter la D50 vers le sud ouest sur 300 mètres puis continuer tout droit par une route d’abord goudronnée puis en terre qui monte au plus direct vers le colline de Sion. Au niveau des vergers de mirabelliers prendre un chemin horizontal à droite.

La mirabelle est en toute objectivité le meilleur fruit du monde ... c’est prouvé !
Il est le symbole par excellence du fruit lorrain, ce n’est pas étonnant car la Lorraine produit 80 % des mirabelles françaises. L’ancêtre de la Mirabelle serait une prune orientale mais son arrivée dans notre région reste mystérieuse et comme tous les mystères les hypothèses ne manquent pas : on parle de la princesse Mira récompensée d’un geste de générosité envers une vieille dame qui étaiten fait une bonne fée et qui vit tous les arbres de son domaine ornés de petites boules d’or, ou bien on dit aussi que le duc d’Anjou et de Lorraine aurait ramené le fruit d’un de ses vergers de Mirabeau dans le Vaucluse. Mais en fait, il y a bien longtemps que l’on mange de la Mirabelle en Lorraine puisque des noyaux ont été découverts au fond des puits de la cité romaine de Grand. Le fruit se récolte vers le 15 Août, enfin en principe, si les gelées de printemps ont épargné les fleurs.. Pour récolter il faut hocher les branches et ramasser les fruits au sol, les professionnels utilisent tous désormais des vibreurs mécaniques.


L'hiver sur la colline de Sion

Lorsque le chemin vient buter sur un croisement prendre la branche de gauche qui monte en longeant les près, le suivre jusqu’à ce qu’il rejoigne le balisage anneau vert. Le chemin fait alors un long mouvement tournant autour de l’extrémité nord de la colline de Sion pour arriver à Saxon.

D’un point de vue géologique, la colline de Sion dont l’altitude dépasse les 500 mètres est ce qu’on appelle une « butte témoin » qui a résisté à l’érosion qui est à l’origine du plateau lorrain. Ce qui a protégé ainsi la butte de Sion c’est sa calotte formée de roche plus dure qu’aux alentours. Il existe dans les environs d’autres buttes témoins mais de dimension plus modeste comme le Mont d’Anon plus au nord ou le Currel un peu au sud. Toujours d'un point de vue géologique, il est intéressant de noter qu'on a trouvé du pétrole au pied de la colline entre Forcelle et Chaouilley, ce pétrole a même été exploité entre 1978 et 1992 avec l'extraction de 15 000 tonnes de brut !

Le village de Saxon ne possède ni cimetière, ni église sans doute parce qu’il est rattaché à Sion.
On quitte Saxon par une rude montée dans la forêt qui amène sur le plateau en bordure de terres cultivées, le Haut de Chatillon qui révèle des traces d'occupation datant du néolithique.

En vue de la route, le chemin plonge à droite pour se retrouver sous les falaises du Saut de la Pucelle. En cet endroit une princesse de Vaudémont aurait échappé à un cavalier qui la poursuivait en se jetant avec sa monture dans le vide du haut des escarpements. Son cheval évita la catastrophe en tombant sur une grosse pierre où la marque de ses sabots ferrés furent paraît-il longtemps visibles, le vil chevalier, lui périt dans la chute.

Le sentier continue à flanc de colline sous couvert de la forêt pour passer bientôt devant un ancien champ de tir qui servit à l’entrainement des troupes allemandes lors de la guerre de 1870.

On arrive ensuite à un carrefour où il est possible d'écourter la randonnée en remontant sur le plateau mais notre itinéraire lui continue vers Vaudémont en passant d’abord devant la Croix des pestiférés qui témoigne des terribles épidémies de peste qui ont sévit notamment pendant la guerre de Trente Ans, puis ensuite devant un trou d’eau artificiel qui est une réserve d’eau en cas d'incendie à Vaudémont. C’est également dans ces parages que se trouvent les sources du Tabourin et de la Saussotte, petits ruisseaux qui viennent alimenter le Brénon qui traverse Vézelise.

Avant d’arriver à Vaudémont, un petit détour permet d’aller admirer un superbe lavoir, le chemin passe ensuite devant le guéoir qui lui n’est plus en eau mais servait jadis à laver les sabots des chevaux lorsqu’ils rentraient du travail.
En suivant la route sur un très court tronçon on entre dans Vaudémont dont il est difficile d’imaginer que jusqu’à sa destruction durant la guerre de Trente Ans ce village constituait une véritable ville fortifiée siège de la dynastie des ducs de Vaudémont dont le membre le plus prestigieux fut sans doute René II, duc de Lorraine et de Barr.

Notre itinéraire continue en bordure de l'église pour déboucher sur le côté ouest de l’éperon où un petit aller-retour permet de s’approcher des vestiges de l'imposante tour Brunehaut qui était le donjon de la place forte. Le sentier longe ensuite les remparts pour rattraper la route que l’on suit très peu de temps pour bifurquer à droite à couvert des arbres.

Le sentier passe ensuite en bordure de cultures puis débouche en vue du monument érigé en l'honneur de Maurice Barrès, grand écrivain français né à Charmes et qui dans « La colline inspirée » se fait le chantre de la colline de Sion. Il faut pourtant se souvenir que Maurice Barrès fut également un antisémite virulent, xénophobe et nationaliste mais ça on semble l'avoir oublié...

Le monument se trouve au point culminant de la colline, à 545 mètres d’altitude. Une très belle table d'orientation permet de mettre un nom sur chacun des villages visibles depuis ce promontoire. Parmi eux Marainville, petit village vosgien où est né Nicolas Chopin le père du compositeur Frédéric Chopin.


Village au nord du signal de Vaudémont

A proximité, des traces dans le sol sont témoin d’une activité traditionnelle chez les visiteurs de la colline de Sion : rechercher les fameuses « étoiles ». Ces étoiles sont en fait des fossiles de tige de lis de mer, témoin de l’époque lointaine (première moitié de l’ère tertiaire) où toute la région était recouverte par la mer.

On quitte cet endroit superbe par un petit sentier qui ramène à la route, puis ensuite un autre qui descend très raide vers le sud-est pour traversée la très belle forêt du Bois de Plainmont. Un peu plus loin on sort de la forêt au lieu-dit «le Trou des Fées », anfractuosité naturelle et fréquente dans ces terrains calcaires mais qui a donné lieu à tout un tas de légende où les fées ont leur place bien entendu.

Il faut ensuite suivre la route pour rejoindre Sion.
Sion est aujourd’hui un haut lieu de dévotion pour la religion catholique mais de tout temps cet endroit, dominant la plaine lorraine et visible de très loin, fut un lieu à vocation spirituelle. Les Leuques y adoraient Rosmertha, déesse de la fécondité, les romains y auraient construit un temple à Mercure. Le christianisme est présent à cet endroit vers le Vème siècle. Depuis le IX ème siècle c’est un but de pèlerinage en l’honneur de la vierge Marie. Qui adorera t’on à Sion dans une dizaine de siècles ?

L'origine du nom Sion viendrait du latin segentum ou pagus seguntensis qui se traduit par "pays des moissons", cette même racine aurait donné également le terme "Saintois" qui désigne toute cette région.
Il est intéressant également de visiter le couvent des missionnaires Oblats ainsi que le petit musée.

Du parking on peut rejoindre un chemin qui descend vers la chapelle Notre Dame de Pitié qui permet ensuite en continuant de descendre le long des près de retrouver le chemin emprunté au départ de Praye.

Photographies Thierry Jeandel

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Thierry Jeandel - Accompagnateur Montagne