les lacs des hautes vosges

Quelques uns des plus beaux lacs des Vosges dans un paysage très sauvage

Point de départ : Parking du Tanet sur la Route des Crêtes (88)

Difficulté : Randonnée assez physique surtout pour la remontée sur les crêtes depuis le lac Blanc. Sentiers très bien balisés sauf une très courte section avant le lac des truites.

Distance : 17 kms
Dénivelé : 800 m.
Carte : IGN 3618 0T, 3718 OT

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Période conseillée : Le printemps est la période idéale surtout au moment de la transhumance, époque à laquelle les troupeaux retrouvent avec grand plaisir l'herbe bien verte des hautes chaumes.
A éviter en été car beaucoup trop fréquenté d'autant que les lacs sont malheureusement tous accessibles en voiture...

Notre sentier part du parking du Tanet vers l'est, très vite nous approchons de la ligne de crête.

Au bord du sentier, une stèle de grès, la croix Marchal, commémore la disparition de deux enfants morts dans une tourmente de neige durant l’hiver 1844. Marie Catherine et Jean Baptiste Marchal avaient respectivement 21 et 14 ans, ils habitaient le Valtin et ce jour là étaient allés à la foire à Munster par le seul chemin existant à l’époque (la route de la Schlucht n’était pas encore construite), 17 kms tout de même ! Rentrant avec un groupe de villageois, ils se sont égarés au retour durant une tempête de neige particulièrement violente, on retrouvera leurs corps un mois après. Les écrits de cette époque nous apprennent que les Vosges subissaient alors un véritable petit âge glaciaire, on parle à cette époque de fermes « sur les hauts » où ne dépassait plus que la cheminée !

Notre sentier dégringole ensuite vers la ferme auberge Seestaettlé, les grandes Gentianes pointent déjà le bout de leur feuilles, la Cardamine ou Cresson des près semble bien se plaire dans ses prairies humides.

Un petit sentier sinueux nous amène au bord d’un premier lac : le lac Vert ou lac de Soultzeren, son nom serait du à la présence d’une algue qui colore ses eaux. Le lac a été endigué au milieu du XIX ème.

Notre chemin nous conduit ensuite à la ferme auberge du Gaertlesrain située au milieu d’une magnifique clairière, bientôt le troupeau de vaches vosgiennes sera de retour pour goûter à cette bonne herbe grasse au milieu de laquelle on reconnaît la Pensée des Vosges tantôt bleue, tantôt jaune, tantôt bleue et jaune !

Le sentier passe ensuite devant quelques « chalets » de villégiature, nous quittons le sentier balisé pour rejoindre l’Altenwasen, « wasen » est le terme alsacien pour désigner la « chaume » si caractéristique des paysages des Hautes Vosges. Une vague sente très humide, au bord de laquelle, ce jour là, nous apercevons deux chevreuils, nous permet de rejoindre en pente douce le magnifique lac des Truites ou lac du Forlet. Situé au pied des rochers du Taubenklangfelsen (rocher du cri du pigeon ?), ce lac d’origine glaciaire doit son nom à une traduction un peu trop hâtive. En effet, son nom d’origine était lac du Foehrlé qui signifie « entouré de petits pins », nom qui a été déformé en Forlen, puis Forellen : la truite en allemand.

Notre itinéraire nous emmène vers le Haufenwannkopf d’où la vue s’étend à l’est jusqu’à la Forêt Noire, au sud vers le Ballon de Guebwiller et au le nord est vers le val d’Orbey. Le sentier continue dans la forêt jusqu’au lac Noir, peut être le plus austère et le moins « nature » car la berge ouest est occupée par une usine électrique construite vers 1930 dont le principe est de pomper l’eau jusqu’au lac Blanc situé 100 m. de dénivellé au dessus pendant les heures creuses et de produire de l’électricité en laissant cette eau redescendre dans des turbines pendant les heures de forte consommation.

Nous empruntons ensuite à travers bois le sentier Cornelius qui nous amène assez rapidement au dernier lac de notre périple, le lac Blanc.
Nous sommes au pied de la partie la plus « sportive » de l’itinéraire, puisqu’il nous faut par un sentier escarpé rejoindre la crête 200 mètres de dénivelé plus haut. Au passage, nous pouvons admirer les splendides escarpements rocheux du Château Hans où s’entraînent régulièrement les grimpeurs de la région.

Nous débouchons enfin sur la crête qui marque l'ancienne frontière entre la France et l'Allemagne, d'ailleurs des bornes de granit avec d'un côté un F, de l'autre un D matérialisent cette ligne historique. Notre itinéraire tourne brutalement plein sud en longeant une forêt de pins rabougris, vers l’ouest une zone protégée où l’accès est interdit même pour le randonneur, ceci afin de préserver la flore particulière de ce milieu et surtout pour laisser en paix le Grand Tetras espèce menacée. Le sommet du Gazon du Faing est rapidement atteint puis les rochers du Taubenklangfelsen d’où la vue sur le lac du Forlet 200 mètres plus bas est impressionnante.

Notre sentier rejoint ensuite la Route des Crêtes construite durant la guerre de 14-18 pour ravitailler les positions françaises installées sur les crêtes. Cette route est encombrée chaque week-end de beau temps par des centaines de motos et de voitures qui pensent ainsi « visiter » les Hautes Vosges, randonneurs épris de nature, fuyons !!

Notre chemin traverse alors une hêtraie d’altitude, c’est le seul arbre qui pousse à cette nauteur et encore les troncs tortueux indiquent avec quelle difficulté. A la sortie du bois, nous nous autorisons une petite visite de la magnifique et fragile tourbière du Tanet. L’Andromède (attention les feuilles sont toxiques) est déjà fleurie, la linaigrette dont on se servait autrefois pour confectionner des oreillers donne un petit air très nordique à cet endroit, pour les droséras (plante insectivore) il faudra revenir plus tard…
Mais nous apercevons déjà le parking du Tanet qui marque la fin de cette randonnée sportive.

Photographies Bernard Simon
Remerciements à Olivier Mourot pour ses recherches sur l'affaire Marchal...

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Thierry Jeandel - Accompagnateur Montagne