la petite suisse luxembourgeoiseUne randonnée dans un labyrinthe de falaises de grés Point de départ : Berdorf (Grand Duché du Luxembourg) Difficulté : D'excellents sentiers très bien
balisés. Attention certaines parties sont escarpées ou situées en bordures
de falaises. ![]() Période conseillée : On peut faire cette sortie pratiquement à n'importe quelle période de l'année (attention au risques de glissades s'il y a de la neige au sol !) mais le printemps est particulièrement intéressant car d'une part l'absence de feuilles sur les arbres permet de bien admirer les falaises de grés et d'autre part les nombreuses espèces d'oiseaux vivant dans les forêt sont plus facilement observables. Eviter les dimanches et jours fériés car on marche beaucoup dans cette région et souvent en groupe et il faut absolument abandonner l'idée de faire le tour proposé ici en VTT car le chemin comprend de nombreux secteurs en escalier ! Le Luxembourg n'est pas uniquement un paradis fiscal, ce petit pays dont le nom signifie littéralement "petit château" recèle également des petits trésors pour l'amateur de randonnées pédestre. Mais le Luxembourg ne fait pas partie de la Lorraine direz vous ? C'est vrai, mais cette terre qui appartint successivement à la Bourgogne (1443), à l'Autriche(1477), à l'Espagne(1506), aux Pays Bas, à la France(1656) deviendra seulement indépendante en 1839, alors comme en plus c'est à deux pas de la Lorraine, cela vaut bien une petite visite... Du parking situé en face de l'église de Berdorf prendre la rue qui part vers le nord ouest (balisage B2), continuer de suivre ce balisage qui permet de sortir du village et qui suit ensuite un petit cours d'eau, le rueltzbech, au fond d'un vallon très humide où on découvre les premières falaises de grés. L'origine de ces falaises remonte à une époque lointaine, il y a 200 millions d'années où la région était recouverte par une mer peu profonde. Au fil des millénaires qui ont suivi, le fond de cette mer s'est recouvert de grandes quantités de sable cimentées au fur et à mesure par le calcaire provenant de restes d'organismes marins essentiellement des coquillages. Sous l'effet de la pression due à l'accumulation de ces nombreuses couches, ces sédiments ont été vidés de leur eau et se sont durcit pour se transformer en grés et tout cela pendant 20 millions d'années. Prendre le sentier aménagé de marches qui permet de grimper à un point de vue (Ruetzelbechlay) en passant au milieu des roches par des failles si étroites que parfois il faut se mettre de côté pour pouvoir passer. Du Ruetzelbechlay on peut admirer la vallée de la Ernz Noire qui se jette dans la Sûre un peu plus au nord. Ces diaclases qui portent le nom local de schloeff sont dues à des mouvements de surélévation du sol et de pression auxquelles a été soumis cette région durant son histoire géologique. Certaines de ces diaclases, celles qui sont trop étroites pour permettre le passage d'un homme ou même d'un animal renferment des sédiments, des pollens, des restes d'animaux qui ont été piégés dans ces endroits et n'ont plus bougé depuis des milliers d'années, étudiés par des scientifiques, ils permettent de retracer l'histoire lointaine de la région. De là le sentier B2 continue de se faufiler à travers les hautes falaises pour arriver à l'île du diable (Deiwelsinsel), ce bloc de 40 m. de haut s'est séparé du reste des falaises durant la dernière glaciation (il y a 10 000 ans environ). En effet, le sous sol étant constitué principalement d'argile imperméable à l'eau, à la fonte des glaces l'ensemble a "glissé" sur ce tapis d'argile humide et s'est fracturé en de nombreux endroits. Le nid d'aigle (Adlerhorst) qu'on découvre un peu plus loin s'est formé de la même façon. Le sentier continue de longer les tours de grés pour arriver à Heroldt, vaste abris sous roche naturel, ce genre d'abris fréquent dans toute cette vallée a abrité des chasseurs itinérants dès l'âge de pierre (- 50 000 ans), plus tard au mésolithique (- 8 000 ans) des hommes y vivaient de façon plus sédentaire, on a retrouvé dans certains de ces abris des gravures ainsi que des objets ayant servis à la chasse et qui attestent d'une présence durable. Ensuite le sentier (toujours B2) nous fait découvrir la superbe forêt composée principalement de hêtres au pied des falaises car le sol y est plus riche et de pins sylvestre dans les zones où le sol est le plus pauvre aux abords des rochers. Cette forêt du fait de son accès difficile a été peu exploitée par l'homme, elle nous montre donc un aspect qui ne doit pas être trop éloigné de ce qu'elle devait être au moment de son installation il y a plus de 6000 ans à la fin de la dernière glaciation. Au printemps, il est frappant de constater que la seule touche de vert dans cette forêt est apportée par les nombreux massifs de houx, typiques des sols acides, qui la peuplent. Le houx est d'ailleurs l'emblème du parc naturel transfrontalier qui couvre cette région à cheval sur l'Allemagne et le Luxembourg. On arrive ensuite dans la zone du "Wanterbaach" qui est le magnifique terrain de jeux des grimpeurs qui parfois viennent de fort loin pour s'entraîner à l'escalade sur ces parois lisses et verticales. De nombreuses voies sont équipées et nettoyées mais comme la fréquentation de plus en plus importante au fil des années menaçait un écosystème très fragile, le gouvernement luxembourgeois a mis en place un système de permis pour pouvoir grimper dans ce secteur. En effet, il y a de nombreuses années lorsque je venais grimper ici, l'escalade n'était pas un sport à la mode et nous ignorions que nous dérangions par notre seule présence la nidification du faucon pèlerin ou des nombreuses espèces de chauves-souris. Aujourd'hui on est frappé quand on arrive dans cette zone de constater les nombreuses marques d'érosion sur le sol ou la disparition des mousse et lichens sur la plupart des rochers. Ensuite les falaises deviennent plus clairsemées mais le sentier en balcon n'en n'est pas moins agréable et nous amène à Kasselt (du latin Castellum), tour de grés dominant la proche vallée de la Sûre. Cet endroit fut fortifié par les romains. On quitte désormais le chemin B2 pour prendre le sentier F (attention, vers le bas et non vers le haut ! ) qui va nous amener, après 6 bons kilomètres un peu en montagne russes mais toujours proche des falaises, au bord de la Sûre. Cette partie moins spectaculaire mais qui nécessite moins de regarder en permanence où on pose le pied peut être mise à profit pour tenter de repérer les nombreuses espèces d'oiseaux qui peuplent l'endroit. On n'aura pas de mal d'observer la mésange véritable pipelette, le geai des chêne avertissant toute la forêt alentour de notre présence, le pinson souvent en groupe. Les tambourinements contre les arbres du Pic épeiche permettront de le repérer facilement. Avec un peu plus de chance on pourra peut être observer furtivement la sittelle qui arpente les troncs d'arbres à la recherche de sa nourriture....la tête en bas. Une fois arrivé au bord de la Sûre, le sentier la suit jusqu'à Echternach, de l'autre côté de l'eau c'est l'Allemagne ! La Sûre (Sauer en allemand) prend sa source dans les Ardennes belges, traverse le Luxembourg ed part en part et je jette dans la Moselle à l'est du pays. A proximité d'Echternach, on repère facilement les tours de la basilique romane qu'on peut au passage visiter et qui renferme le tombeau de St Willibrord fondateur de la ville. Il y a pas mal d'infos sur la basilique à cette adresse : http://www.willibrord.lu/fr/basilique_description.html De la basilique, il faut retourner par la rue piétonne vers le nord ouest jusqu'à un grand kiosque, de là prendre vers le sud le sentier fléché B1 qui grimpe tout de suite après avoir traversé la route principale. Du sommet, on jouit d'une vue intéressante sur la petite ville d'Echternach. Le sentier continue ensuite en direction de la gorge du Loup qui constitue une magnifique falaise de grès qui présente une forte concentration en calcaire et qui du coup lui donne cette teinte jaunâtre si particulière. L'endroit est connu et visité depuis la fin du XIX ème comme en atteste une plaque posée dans les années 20. Le sentier continue ensuite pour rejoindre le vallon de l'Aeschbach que malheureusement emprunte une route touristique très fréquentée les week-ends. Dans un décor de conte de fées, le sentier passe par des lieux splendides comme le Labyrinthe ou la tour Malakof. On peut au passage, traverser la route pour grimper au sommet du rocher le plus photographié de la région, le Perekop. L'étroite diaclase qui permet d'accéder au sommet surplombant la route a été équipé de marches et d'échelles. Ensuite on s'éloigne de la route -tant mieux- pour arriver assez vite à Chipka Pass. Ce petit vallon très humide possède une flore très riche et très spécifique en lichen et en mousse de toutes sortes qui poussent ça et là sur les nombreux rochers. Une petite grimpette amène au splendide site de Hohlay (lay=pierre) vaste meulière où ont été extraites dès le moyen âge une multitude de meules pour les moulins de la région. De là le sentier ramène par le plateau très facilement au point de départ. Merci au personnel du Tourist Info de Berdorf pour les précieux renseignements que j'ai pu y trouver, ce bureau dispose d'un site internet : http://www.berdorf.lu/ |